À Bercy, les commerçants en proie à l’incertitude olympique
À proximité du Palais Omnisports de Bercy, future scène des épreuves de basket et de trampoline pour les Jeux Olympiques, les commerçants locaux vivent des moments d'inquiétude. La fréquentation de leurs établissements est en berne, une situation bien loin des attentes initiales.
Miguel, propriétaire d'une brasserie idéalement située près du parc de Bercy, exprime son désarroi. "Depuis le début du mois de juillet, la fréquentation de mon établissement a chuté de moitié. On s'attendait à une affluence record, et pour l'instant, c'est une grosse déception," confie-t-il, visiblement frustré.
Sa brasserie, qui bénéficie d'un emplacement stratégique en face des vastes pelouses du parc de Bercy, devrait logiquement attirer les foules de supporters traversant le parc pour rejoindre l'Arena Bercy, devenu un site olympique.
À quelques centaines de mètres de là, la silhouette pyramidale emblématique du Palais Omnisports de Bercy émerge au-dessus des barrières de sécurité aux couleurs des JO. C'est ici que se dérouleront les phases finales des tournois de basket, ainsi que les compétitions de trampoline et de gymnastique artistique. Bercy accueillera également les tournois de basket-fauteuil lors des Jeux Paralympiques.
Enclave Olympique et restrictions sécuritaires
Miguel, comme beaucoup d'autres, est passablement agacé par les mesures de sécurité strictes qui entourent l'enclave olympique de Bercy, balisée par des zones bleues et rouges. À l'approche de la cérémonie d'ouverture le 26 juillet, il a été contraint par la préfecture de retirer sa terrasse pour des raisons de sécurité. "Je suis en zone bleue ! On ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. Je maintiens mes horaires d'ouverture de 7h à 23h et j'envisage de les étendre jusqu'à 2h du matin pendant les JO. En temps normal, je ferme en août, mais cette année, je resterai ouvert jusqu'au 10 août. On verra bien," explique-t-il.
Les commerçants face à l’incertitude
Remontant la rue de Bercy, Christophe Labro, gérant d'un bar-brasserie avec la plus grande terrasse du quartier, partage les mêmes préoccupations. Situé en zone rouge, il devra fermer sa terrasse le 26 juillet. "Nous allons nous adapter avec de la vente à emporter, mais c'est inédit ! Nous espérions voir des touristes avant les JO, mais ils ne sont pas au rendez-vous. J'espère que le mois d'août sera meilleur, mais je me demande ce qui se passera pendant les épreuves. Les spectateurs pourront-ils sortir de l'Arena ? Je n'en sais rien !" s'interroge-t-il.
Un peu plus loin, le café-brasserie de la Cinémathèque française, également en zone rouge, bénéficie d'une exception : il pourra maintenir sa terrasse. Situé face aux barrières de la zone d'entrée des visiteurs du site olympique, Wilfried, le co-gérant, découvre chaque jour de nouvelles contraintes. "On reçoit les informations au compte-gouttes. On n'a pas de cartographie claire des sites, seulement des zones rouges et grises. La gare routière sera fermée, on l'a appris la semaine dernière. On ne sait pas ce qui nous attend, mais on se prépare !"
Appel à l’indemnisation
Les organisations professionnelles, dont le GHR et l'Umih, ont déjà tiré la sonnette d'alarme. "Depuis juin, l'activité est en berne avec une baisse de 30% du chiffre d'affaires par rapport aux années précédentes," déclarent-elles dans un communiqué. Elles demandent des mesures d'indemnisation rapides et justes pour compenser les pertes subies à cause de l'organisation des JO.
La préfecture de la région Île-de-France a mis en place une commission pour indemniser les préjudices liés à l'organisation des JO. Une première réunion en juillet a permis aux représentants du secteur de l'hôtellerie, des cafés et des restaurants d'exposer leurs revendications.
Les commerçants de Bercy, pris entre espoirs et inquiétudes, attendent désormais des réponses concrètes pour pouvoir naviguer au mieux durant cette période olympique, avec l’espoir que l’afflux de visiteurs compensera les perturbations subies.