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Démondialisation maîtrisée

trump construit un mur autour des usa et cri dans porte-voix china over capacity

1. Au-delà de la “reddition” apparente
Les annonces récentes de Donald Trump — baisse éventuelle des droits de douane vis-à-vis de la Chine, volonté de ne pas remplacer Jerome Powell à la tête de la Fed, ou encore phrases provocatrices sur la « négociabilité » de tout — ont été interprétées par certains comme un signe de recul ou même de « reddition » sur le front commercial. En réalité, ces volte-faces calculées sont tout sauf l’expression d’un désarroi : elles illustrent un pilotage chirurgical, visant à maintenir la pression tout en préservant l’équilibre du système économique mondial (et électoral) dans lequel les États-Unis sont profondément engagés.

2. La ligne de crête : démanteler la mondialisation sans tout briser
≪ Trump n’est pas fou ≫, disent ses détracteurs ; et il est vrai qu’il dispose d’un plan cohérent. Objectif : corriger les déséquilibres liés à la mondialisation — déficits commerciaux, délocalisations — sans provoquer un effondrement brutal des chaînes logistiques et de l’appétit des investisseurs.

Maintenir la pression tarifaire pour inciter les entreprises à rapatrier leurs activités, tout en ménageant des baisses ciblées de droits de douane afin d’éviter une réaction en chaîne destructrice sur les prix intérieurs.

Conserver l’indépendance supposée de la Fed, quitte à ménager Jerome Powell, pour rassurer marchés et emprunteurs, et éviter un choc de politique monétaire qui viendrait amplifier la récession naissante en cas de hausse trop brutale des taux .

3. L’indépendance de la banque centrale : un débat relancé
Le Directeur du FBI s’est récemment étonné en commission de l’idée que la Réserve fédérale soit une entité « privée » (alors même que sa structure associe banques régionales et supervision publique) . Cette sortie remet au cœur du débat la nature même d’une banque centrale :

Indépendance pour lutter contre l’inflation sans pression politique.

Responsabilité envers l’État et les citoyens pour garantir la stabilité monétaire et éviter les dérives hyperinflationnistes.

En France, le rôle de la Banque de France illustre le modèle inverse : clairement rattachée à l’État, elle intervient comme bras armé de la politique économique nationale.

4. Pourquoi ce pilotage “à vue” marche… pour l’instant

Résilience des chaînes d’approvisionnement : malgré les droits de douane élevés, les entreprises continuent de s’approvisionner en Asie en ajustant leurs routes logistiques plutôt qu’en stoppant net.

Investissements massifs aux États-Unis : pour anticiper de nouvelles hausses tarifaires, des groupes comme Apple et General Motors relocalisent partiellement leur production .

Confiance relative des marchés : les indices restent orientés à la hausse, reflétant l’idée qu’un ralentissement provoqué par cette « démondialisation » peut rester contenu sans krach systémique.

5. Les risques d’un chemin trop étroit

Inflation importée : si les réductions tarifaires ne compensent pas les hausses, le consommateur américain pourrait pâtir d’un renchérissement durable des biens de consommation.

Fragmentation géopolitique : découpler partiellement les économies américaines et chinoises sans coordination internationale pourrait fragiliser les alliances traditionnelles (UE, Japon).

Effet boomerang électoral : un plan mal exécuté entraînerait chômage et récession, érodant le soutien populaire.

6. Perspectives et recommandations
Qu’on soit pro ou anti-Trump, comprendre ce pilotage « à vue » est essentiel :

Pour les décideurs : anticiper la cyclicité des mesures, renforcer la souveraineté industrielle (puces, batteries), et négocier des accords bilatéraux rapides pour sécuriser les approvisionnements stratégiques.

Pour les entreprises : diversifier les sources, automatiser davantage la production domestique, et investir dans la résilience logistique (stocks tampons, fournisseurs alternatifs).

Pour les citoyens : se préparer à une transition où prix et emplois évolueront à grande vitesse ; comprendre que la fin de la mondialisation « ultra-libre » peut être une opportunité de redynamisation locale, mais exige un effort collectif de formation et d’innovation.

“Ça ne sera pas facile, mais démanteler la mondialisation en bon ordre peut rendre prospérité et emplois aux classes moyennes et populaires.”