Le député René Dosière, vétéran du contrôle public, publie une étude explosive : les cabinets ministériels coûtent 170 millions d’euros par an. Moins de ministres, mais plus de conseillers, mieux payés, mieux habillés — et souvent moins responsables.
On pensait le “gouvernement Bayrou” plus frugal. Il est surtout plus subtil : moins de ministres, certes, mais un bataillon de conseillers mieux rémunérés, logés dans des bureaux climatisés et bardés de primes aussi opaques qu’une note de frais de Bercy.
Le député René Dosière, infatigable scrutateur de la dépense publique, a publié ce 12 novembre une étude accablante : les cabinets ministériels coûtent 170 millions d’euros par an, contre 147 sous Élisabeth Borne. Une hausse de près de 15 %, justifiée, selon Matignon, par “la complexité accrue des dossiers”. Autrement dit : la République, c’est devenu un métier à très hauts risques… financiers.
Une élite sous perfusion budgétaire
Chaque ministre dispose en moyenne de 10 à 12 conseillers, parfois plus. Les plus gros effectifs se trouvent à l’Économie, à la Défense et à l’Environnement, là où se concentrent aussi les salaires les plus élevés : entre 9 000 et 11 000 euros nets par mois.
Les ministres délégués, eux, se contentent de 5 à 7 conseillers, mais la différence de charge de travail semble surtout administrative : il faut bien quelqu’un pour rédiger les tweets officiels.
Dosière relève aussi un paradoxe cinglant : les ministères dirigés par des femmes affichent des rémunérations moyennes plus basses, à responsabilités égales. Autrement dit, la “parité” tant vantée ressemble encore à une photo de famille bien éclairée : on sourit à l’objectif, mais l’addition n’est pas la même pour tout le monde.
Moins nombreux, plus coûteux, moins visibles
En 2025, la taille moyenne des cabinets a diminué — effet d’annonce oblige. Mais les contrats de consultants et d’experts extérieurs ont explosé, brouillant la frontière entre fonction publique et prestation privée.
Résultat : le coût global de la décision politique augmente, tandis que la responsabilité s’évapore. Les conseillers changent de poste tous les dix-huit mois, souvent pour rejoindre le privé — un aller-retour doré entre l’État et les cabinets de conseil.
Dosière, fidèle à lui-même, ne se contente pas de dénoncer : il propose huit mesures de transparence, dont la publication en ligne des rémunérations et des fiches de mission. Silence radio du côté de Matignon. “La transparence, oui, mais pas jusqu’à la fiche de paie”, glisse un conseiller anonyme du gouvernement. Ironie du sort : il touche 10 500 € nets.
Moralité (ou presque)
La République se pique de vertu, mais continue de s’offrir des tailleurs de luxe et des costards sur mesure.
Les chiffres de Dosière rappellent une évidence : l’argent public n’est pas rare, il est simplement bien orienté.
Dans un pays où l’on exige des chômeurs qu’ils “retrouvent le goût du travail”, on aurait aimé que les ministres redécouvrent celui de la modestie.
💬 Citation clé
“La transparence ne coûte rien, mais elle dérange ceux qui dépensent trop.” — René Dosière
The Republic in Heels and Grey Suits: Anatomy of a Ministerial Cabinet
François Bayrou’s government promised moral renewal and fiscal restraint. One year later, the reality looks different: fewer ministers, but more advisers — better paid, better dressed, and just as opaque.
A new report by MP René Dosière reveals that ministerial cabinets now cost €170 million a year, up 15% from the Borne era.
Behind the rhetoric of “efficiency” lies a new technocratic aristocracy: advisers earning €9,000–€11,000 a month, jumping from ministries to private firms in a golden carousel of revolving doors.
Female-led ministries still pay less, and consultants multiply faster than reforms.
Dosière proposes transparency; the government prefers silence.
Because in Paris, virtue has a price — and it’s written in grey ink on golden paper.