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Macron face au Mercosur : une vision naufragée

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Emmanuel Macron a raison de s'opposer à l'accord commercial entre l'Union européenne (UE) et les pays du Mercosur. Lors du sommet du G20, au Brésil, mardi 19 novembre, le président français a réitéré son intention de bloquer ce traité. Mais son veto dépasse la simple pression des paysans français, qui, ces jours-ci, menacent de nouvelles mobilisations massives et de blocages des préfectures. En réalité, c'est une certaine vision du monde, portée par Macron, qui vacille. Une vision européenne qu'il n'a jamais réussi à faire partager pleinement à ses concitoyens.

Mercosur : une alliance transatlantique ambitieuse

Le Mercosur regroupe cinq pays d'Amérique latine – Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, et, depuis 2023, la Bolivie. L'Union européenne a signé avec ce bloc, en juin 2019, un vaste accord de libre-échange, intégré à un partenariat plus large. Les défenseurs de ce traité, parmi lesquels l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, vantent son potentiel économique : il ouvrirait aux entreprises européennes l'accès à des marchés émergents prometteurs. Dans un contexte où le protectionnisme américain renaît sous l'ombre de Donald Trump, cet accord apparaît comme un levier stratégique pour maintenir la compétitivité du Vieux Continent.

Une ambition sous pression

L'accord ne se limite pas à l'agriculture, même si celle-ci reste au cœur des crispations françaises. Il couvre aussi des secteurs comme l'automobile, la chimie, la pharmacie, le textile et les services. Son objectif ? Projeter la puissance européenne à travers ses normes commerciales et technologiques. Mais cette ambition se heurte à une critique croissante, notamment sur le rôle de l'Europe dans l'économie mondiale. Comme l'a souligné un ancien Premier ministre italien, l'UE risque de devenir une « colonie financière des États-Unis », affaiblie dans sa quête d'autonomie stratégique.

Macron, seul contre tous ?

Le refus d'Emmanuel Macron n'est donc pas uniquement une réponse aux agriculteurs ou une posture écologique. Il illustre un désalignement profond entre la vision européenne qu'il incarne et les préoccupations nationales de ses électeurs. Ce blocage pourrait bien marquer un tournant : celui d'un président qui, à force de vouloir bâtir des ponts au-delà des frontières, perd pied chez lui.

Avec cet accord, c'est tout l'équilibre entre ouverture économique et souveraineté nationale qui est remis en question. Un sujet brûlant, à suivre de près.