English version at the end
Pendant que l'Union européenne avale une pilule amÚre à 750 milliards de dollars, la Suisse reste à la marge, sans voix, ni levier. Mais que s'est-il passé à Berne ?
Le silence helvétique face à la « Trump-économie »
Alors que lâUnion europĂ©enne a cĂ©dĂ© sous la pression de Donald Trump, acceptant des conditions commerciales humiliantes (investissements massifs, droits de douane, achats dâarmes et dâĂ©nergie), la Suisse nâapparaĂźt mĂȘme pas dans la photo de famille des nĂ©gociations. Aucun accord bilatĂ©ral, aucune exemption douaniĂšre, aucun geste stratĂ©gique.
Or, les Ătats-Unis restent lâun des principaux partenaires Ă©conomiques de la ConfĂ©dĂ©ration. Le silence de Berne interroge : la neutralitĂ© suisse est-elle devenue une impuissance commerciale ?
Pourquoi 39 % de droits de douane ?
Trump nâa pas fait dans la dentelle. Il applique unilatĂ©ralement des surtaxes allant jusquâĂ 39 % sur certains biens suisses, notamment dans la mĂ©canique de prĂ©cision, la pharma hors-brevet, les montres connectĂ©es, ou encore les produits agroalimentaires dits « semi-transformĂ©s ».
Le prĂ©texte ? La loi "Section 232" sur la sĂ©curitĂ© nationale, la mĂȘme quâil a utilisĂ©e contre les mĂ©dicaments europĂ©ens et les voitures allemandes. Mais derriĂšre ce masque juridique se cache une rĂ©alitĂ© brutale : si vous nâachetez pas amĂ©ricain, vous paierez.
Les F-35 en otage ?
Le paradoxe est criant : alors que la Suisse sâest engagĂ©e Ă acheter 36 avions de chasse F-35 amĂ©ricains pour 6 milliards de francs, elle nâobtient aucune contrepartie commerciale. Les Ătats-Unis, eux, exigent toujours plus de rĂ©ciprocité⊠sans jamais en offrir. La « diva Trump » exige hommage, mais ignore les courtisans discrets.
Faut-il maintenir cette commande ? La question devient stratégique. Un déséquilibre aussi manifeste pourrait justifier une suspension, ou du moins une renégociation publique.
Négocier avec Trump : leçons d'une masterclass
Pour obtenir une oreille chez Trump, lâUE a dĂ» :
Engager 600 milliards $ dâinvestissements directs aux Ătats-Unis dâici 2028 ;
Acheter 750 milliards $ dâĂ©nergie fossile amĂ©ricaine (GNL, pĂ©trole, uranium) ;
Renoncer partiellement à sa souveraineté numérique et agricole ;
Et surtout : jouer le jeu du chantage médiatique, en acceptant des annonces à effet immédiat.
La Suisse, fidĂšle Ă sa mĂ©thode feutrĂ©e et bilatĂ©rale, nâa pas vu venir la brutalitĂ© du rapport de force. RĂ©sultat : elle nâa rien obtenu, tout en payant le prix fort.
Et maintenant ?
La Suisse doit tirer les leçons de ce déséquilibre :
Revoir ses outils de négociation commerciale, en particulier avec les puissances unilatérales ;
Mettre en débat public le contrat F-35 : est-il encore légitime au vu du chantage douanier ?
Bùtir une stratégie offensive en matiÚre commerciale, avec des alliances (Allemagne, Japon, Canada) partageant une vision de la régulation équitable.
Trump nâest pas un prĂ©sident comme les autres. Câest un marchand dâinfluence, un maĂźtre du rapport de force, une diva autoritaire. La Suisse, si elle veut protĂ©ger son industrie et sa souverainetĂ©, devra apprendre Ă parler fort⊠ou se taire et payer.
đšđ What Did Switzerland Miss in Its Negotiations with Trump?
While the EU swallowed a $750 billion pill to avoid a tariff war, Switzerland stayed silentâand paid the price. What went wrong in Bern?
The Helvetic Silence in the Face of Trumponomics
As the European Union caved under Trumpâs pressureâagreeing to massive investments, military deals, and energy importsâSwitzerland remained absent from the table. No bilateral deal, no tariff exemption, not even a strategic gesture.
Yet the U.S. remains one of Switzerlandâs top economic partners. This begs the question: has Swiss neutrality turned into commercial impotence?
39% TariffsâBut Why?
Trump didnât pull punches. Switzerland now faces up to 39% tariffs on precision mechanics, off-patent pharmaceuticals, smartwatches, and semi-processed foods.
The official excuse? Section 232 of U.S. trade law, citing ânational security.â But the reality is starker: âBuy Americanâor pay.â
The F-35: A $6 Billion Gift With No Return?
Hereâs the irony: Switzerland has committed to purchasing 36 U.S.-made F-35 fighter jets for 6 billion francsâyet it gets nothing in return. No trade concessions, no security guarantees.
So why proceed with the deal? Shouldnât such imbalance trigger a renegotiationâif not a cancellation?
How to Negotiate with Trump: Lessons from a âDealâ Masterclass
The EU got Trump's attention by:
Committing $600 billion in direct investments to the U.S. by 2028;
Pledging to buy $750 billion in fossil fuels (LNG, oil, uranium);
Accepting weakened digital and agricultural standards;
And most of all: playing by Trumpâs media rules, where every move is a press release.
Switzerlandâs quiet, bilateral diplomacy failed to register. And the result? Nothing negotiatedâbut still everything paid.
What's Next?
Switzerland must urgently revise its strategy:
Rethink its negotiation tools for dealing with authoritarian economies;
Put the F-35 deal up for public review;
Form new strategic alliances with countries that uphold fair-trade values.
Trump is not a conventional president. He is a showman of influence, a transactional strongman, a diva of global power. If Switzerland wants to defend its industry and sovereignty, it must learn to speak louderâor continue paying silently.