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Trop d'impôts en France ?

illustration avec des textes en français. Elle montre clairement le contraste entre l'« État providence » à gauche et le « Néolibéralisme » à droite, avec des éléments visuels et des étiquettes pour mieux comprendre la différence entre soutien social et inégalités croissantes.

Les prélèvements obligatoires en France en 2024 : décryptage d'un faux débat

On l’entend souvent, presque comme un refrain sur les plateaux télé : « La France a les prélèvements obligatoires les plus élevés d’Europe, ça étouffe le pays ! ». Et chaque fois, c’est la même rengaine des partisans du néolibéralisme, qui tentent de nous convaincre que ces impôts nous asphyxient. Sauf qu’une fois les faits sur la table, la réalité s’avère bien différente.

Les pays avec des taux de prélèvements plus bas ne baignent pas pour autant dans un bonheur économique, loin de là. Certains s’en sortent même moins bien que nous. Alors, pourquoi ce battage médiatique ? Pourquoi cette insistance à nous vendre un modèle qui, à y regarder de près, ne fonctionne pas ? Voici un éclairage pour y voir plus clair.

1. Pas de gabegie administrative, mais une redistribution

On nous parle souvent d’un État obèse, d’une administration tentaculaire qui engloutit nos impôts. Or, la réalité est tout autre : la moitié des prélèvements obligatoires va directement à la Sécurité sociale. Oui, nos impôts ne financent pas une « armée mexicaine » de fonctionnaires comme certains aiment à le faire croire, mais des services de santé, des retraites et d’autres prestations sociales. Ce sont ces mécanismes qui permettent à nos aînés d’avoir un niveau de vie décent et à la population active d’avoir accès à des soins de qualité.

2. Les gros patrimoines ? Presque pas imposés

Les plus riches s’en tirent à bon compte. Suite aux réformes d’Emmanuel Macron, l’impôt sur la fortune a été largement vidé de sa substance, rendant la fiscalité sur les patrimoines presque anecdotique. Pourtant, c’est là que les inégalités sont les plus criantes. En 2021, 50 % du patrimoine était détenu par les 10 % les plus riches, tandis que les 50 % les plus modestes ne possédaient que 8 %. Pourtant, les débats publics se focalisent rarement sur ce sujet, préférant nous faire croire que c’est l’ensemble de la population qui souffre d’une fiscalité « trop lourde ».

3. La destruction de la protection sociale : le véritable objectif du néolibéralisme

Le discours néolibéral simplifie à outrance. Il se contente de répéter que la France est la « championne des prélèvements en Europe », sans jamais aborder les bénéfices qu’en retirent les citoyens. C’est un jeu habile pour discréditer notre modèle de protection sociale, un modèle qui, en retour de prélèvements élevés, assure une santé accessible à tous, des retraites correctes et une couverture sociale étendue.

Mais les néolibéraux ne veulent pas de ça. Leur objectif est clair : réduire les dépenses publiques, affaiblir les services publics, et transférer de plus en plus de charges vers le privé. Et dans cette stratégie, ils parviennent habilement à faire oublier que baisser les prélèvements obligatoires revient inévitablement à baisser les transferts sociaux, creusant ainsi les inégalités.

Analyse complète des prélèvements en France : chiffres et enjeux

Les dépenses publiques en France : une illusion de gabegie

En 2023, les dépenses publiques représentaient 57 % du PIB. Un chiffre qui fait hurler les partisans du néolibéralisme, mais qui cache une autre réalité : une grande partie de ces dépenses correspond à des transferts sociaux (retraites, santé, aides diverses). Si l’on ne regarde que les dépenses de fonctionnement (les fameux « fonctionnaires » tant décriés), on s’aperçoit que celles-ci sont restées remarquablement stables depuis 1975, autour de 22 % du PIB. Pas de gabegie, donc, mais un usage régulier des fonds publics pour financer le quotidien des Français.

Un déficit délibéré : quand l’État s’endette pour enrichir les plus riches

Depuis les années 1970, l’État n’a jamais équilibré son budget. Cela pourrait être une simple erreur de gestion, mais non : c’est un choix politique. En refusant de lever les impôts nécessaires, l’État a été contraint d’emprunter sur les marchés. Qui prête à l’État ? Les plus riches, évidemment. Et ils perçoivent des intérêts sur les sommes prêtées. C’est ainsi que l’on assiste à une situation absurde : l’argent qui aurait dû être pris sous forme d’impôts est finalement versé en intérêts aux plus fortunés. Un joli tour de passe-passe pour maintenir la richesse des élites, tout en clamant qu’il faut « baisser les impôts ».

Ce qu’on oublie de dire : en payant plus, on reçoit plus

L’argument simpliste de la « France championne des impôts » est vide de sens s’il n’est pas mis en regard des services obtenus en retour. En payant des impôts, les Français bénéficient de services publics étendus : santé, éducation, retraites. Dans d’autres pays, où les prélèvements sont moindres, les citoyens doivent souvent payer de leur poche pour ces mêmes services. Quand on regarde de près, les pays à faible fiscalité sont souvent moins bien lotis sur le plan social et économique. Mais ça, vous ne l’entendrez pas dans les discours néolibéraux.

Ce qu’il faut retenir : Ne nous laissons pas berner

L’idée que « trop d’impôts tue l’impôt » est un des nombreux mensonges qui sert à justifier le démantèlement progressif de l’État social. Si la France prélève plus d’impôts que d’autres pays, c’est parce qu’elle a choisi une approche solidaire, où chacun contribue pour assurer un filet de sécurité collectif. Les néolibéraux veulent vous faire croire que ce modèle est dépassé, coûteux et inefficace. Mais en réalité, ils cherchent surtout à renforcer les inégalités en détruisant les services publics.

Leurs attaques se poursuivront, mais nous avons besoin d’un débat public éclairé, où les avantages réels de notre système sont mis en avant. Ne soyons pas dupes des stratégies simplistes et trompeuses qui visent à saper les fondements de notre solidarité nationale.